Madame
la ministre, concernant la biodiversité, j'attire votre attention sur
l'opération d'abattage massif de bouquetins dans le massif du Bargy dans
les Alpes, en application d’un arrêté du 16 septembre.
Commencé par la la préfecture de Haute-Savoie ce jeudi 8 octobre, cet abattage masif concerne une espèce protégée depuis 1981, qui est accusée par les éleveurs de
contaminer leurs bêtes à la brucellose, une maladie infectieuse qui a
resurgi en Haute-Savoie en 2012, alors qu’elle avait été éradiquée de
France en 2003.
http://www.lemonde.fr/.../la-haute-savoie-lance-une...
En
effet, l'ANSES a remis un rapport, résultat d'une expertise collective
faisant intervenir un groupe de personnes spécialisées dans la faune
sauvage, mais également les représentants agricoles du département
(FDSEA, Chambre d’Agriculture Savoie-Mont Blanc, GDS, Union des
Producteurs de Reblochon Fermier) qui ont fait le déplacement et ont été
audités.
Ce
rapport a été réalisé par un financement pubic, et réalisé par une
autorité indépendante, composée d'experts dans la dispensation de
conseils pour la gestion des crises sanitaires et epizooties.
Voici le lien vers le rapport de l'ANSES :
https://www.anses.fr/fr/system/files/SANT2014sa0218Ra.pdf
Les experts soulignent particulièrement les points suivants (pages 129 et 130)
(c'est un copier-coller)
-----
Le
risque actuel de transmission de la brucellose aux cheptels domestiques
est estimé, par les experts, comme quasi-nul à minime (1-2 sur une
échelle de 0-9). Le risque pour l’homme est directement dépendant du
précédent et forcément inférieur, en prenant en compte le risque
alimentaire et le risque professionnel. Les experts estiment le risque
actuel pour l’homme comme « quasi-nul » (1 sur une échelle de 0 à 9). Il
est très inférieur au risque lié à la brucellose importée qui
représente plus de 80 % des cas de brucellose
humaine en France chaque année ;
le
caractère indispensable du maintien d’une surveillance des bouquetins
et d'autres espèces sauvages cibles notamment les chamois, les cerfs et
les chevreuils :
o
sur le massif du Bargy. Le nombre et la nature (classe d’âge, sexe) des
animaux échantillonnés devront être déterminés en fonction des mesures
de gestion mises en place et de la séroprévalence attendue. A cet égard,
les experts soulignent que, quel que soit le scénario de gestion mis en
place, si l’analyse est réalisée sur place, un suivi sérologique sans
euthanasier les animaux séropositifs n’est pas envisageable dans le
contexte d’infection du Bargy. En parallèle, la surveillance saisonnière
renforcée et en
temps
réel des cheptels laitiers bovins et caprins doit être maintenue,
notamment par le dépistage régulier de la brucellose sur lait de
mélange, lors de la période d’exposition ;
o
sur les massifs voisins : tous les scénarios présupposent que les
bouquetins des massifs adjacents ne sont pas contaminés par la
brucellose. Il s’agit là d’un élément majeur de l’analyse des différents
scénarios envisagés. Les experts soulignent qu’il est indispensable de
mettre en place très rapidement une surveillance de la brucellose sur
les populations de bouquetins des massifs avoisinants, permettant de
vérifier l’absence
de contamination aujourd’hui et dans les années à venir ;
L’impossibilité
de parvenir à un abattage total d’une population de bouquetins, ce qui a
conduit les experts à envisager un taux maximal de 90 %. Ce dernier est
considéré comme très optimiste ;
Les
difficultés techniques de mise en oeuvre des différentes mesures
envisagées dans les scénarios de gestion. Celles-ci varient d’un
scénario à l’autre. Sans pouvoir se prononcer sur la faisabilité
technique de chacun des scénarios, les experts ont néanmoins souligné
que tous les scénarios étudiés sous-entendent la mise à disposition de
personnel de terrain devant travailler dans une zone montagneuse (zone à
risque), manipuler des animaux
potentiellement lourds et/ou contaminés et éventuellement du produit vaccinal ou des substances létales (euthanasie d’animaux).
Anses rapport d’expertise collective Saisine « 2014-SA-0218 Brucellose Bouquetins Bargy » page 100 / 163 juillet 2015
Chaque
scénario présente donc un risque non négligeable pour le personnel de
terrain, ainsi qu’un niveau de faisabilité technique qui doivent être
pris en compte dans le choix du scénario de gestion. Certaines méthodes
peuvent être plus dangereuses que d’autres : par exemple, il reste
toujours moins difficile et moins risqué pour les opérateurs, compte
tenu de la topographie, d’abattre un animal (possible jusqu’à 250 mètres
de distance) que de le
capturer
par téléanesthésie (possible jusqu’à seulement 25 mètres de distance).
La recherche de méthodes alternatives de capture serait justifiée pour
certains scénarios ;
L’augmentation
des mouvements intra- et inter-massifs, d’autant que les abattages sont
importants, avec un effet de seuil qu’il n’est pas possible de
caractériser aujourd’hui. Ces mouvements ont pour conséquence
d’entretenir en partie l’infection sur le Bargy et peuvent conduire à la
contamination des massifs voisins (ceci renforce la nécessité de mettre
en
place une surveillance des bouquetins dans ces massifs voisins) ;
L’inéluctabilité
d’une gestion sur plusieurs années, avec des mesures combinées. Le
Groupe de Travail souligne que des scénarios prévus sur une seule année,
tout comme une solution simple et unique, ont une très faible
probabilité d’atteindre l’objectif de maîtrise de la situation
sanitaire, alors que des combinaisons de mesures seraient
vraisemblablement plus efficaces. Ainsi, les scénarios peuvent se
compléter les uns les autres au cours de plusieurs années successives
(au moins 5 ans) ;
Dans
ce contexte, la vaccination contre la brucellose du bouquetin,
moyennant des contraintes en matière de suivi sérologique et certaines
conditions rappelées dans le présent rapport, permettrait d’améliorer
l’efficacité de scénarios de base. Il faut cependant souligner que les
experts se sont prononcés contre la vaccination à distance par
téléinjection,
compte tenu des nombreux aléas que ce procédé représente. L’option de la
vaccination
ne peut donc s’envisager qu’en capturant un nombre important d’animaux.
La télé-anesthésie peut constituer une limite à cet objectif et le
Groupe de Travail recommande que des procédés alternatifs de capture
puissent être étudiés et mis en place sur le massif. Pour cela, des
échanges avec des spécialistes français et étrangers doivent être
facilités pour rechercher des procédés permettant de capturer le plus
grand nombre
possible d’animaux (capture de masse) et pour adapter ces procédés à la situation du Bargy (notamment topographique).
----- (fin du copier coller)
Il y est donc expressément indiqué que cette politique d'abattage massif
- ne servira à rien
- couterait cher au contribuable
- ferait courir des risques aux agents chargés de l'appliquer
Je
ne comprends pas que la collectivité, qui pourtant l'a demandé, et
financé ne prenne pas plus en considération les conclusions de ce
rapport, pourtant resultat d'une concertation collective, mais faisant
EGALEMENT intervenir les représentants agricoles locaux.
Je
ne comprends pas l'attitude des pouvoirs publics formant ils et
finançant des scientifiques et leurs études si c'est pour en jeter leurs
conclusions aux orties.
Santorin, office du tourisme sur le port voyageurs
Il y a 8 ans