Un commentaire du Capitaine Paul Watson sur le
véganisme et la position de Sea Shepherd sur la question à l'occasion
de la sortie du documentaire "Conspiration : le secret durable".
« V »
Par le capitaine Paul Watson
V comme Vérité, Vertu, Valeur, Validité et Véganisme
Le véganisme, c’est l’écologie véritable en action.
Il démontre la vertu et le courage d’un écologiste qui affronte et dénonce la vérité la plus dérangeante qui soit.
Sea Shepherd est l’une des très rares organisations de protection des
océans au monde à promouvoir et pratiquer activement le véganisme –
voire la seule.
Pourquoi ? Parce que nous voyons les relations
qui existent entre l’élevage et la pollution des océans,
l’appauvrissement de la vie dans les mers, la destruction des forêts
pluviales et le réchauffement climatique.
Le véganisme, c’est
l’écologie véritable en action. Il va au-delà des débats sur le
réchauffement climatique et l’appauvrissement de la biodiversité, et il
fait réellement quelque chose pour régler les problèmes.
Les navires
Sea Shepherd sont végans depuis 2002, et avant cela, il y a toujours eu
des options végans. Les navires étaient végétariens dès 1979.
Cependant Sea Shepherd n’est pas une organisation végan ou végétarienne,
ni une organisation de protection des animaux ou de leurs droits. Nous
sommes un mouvement de protection de la faune sauvage des océans et des
écosystèmes marins.
Alors pourquoi tous les repas servis à bord des navires Sea Shepherd sont-ils végans ?
La réponse, c’est parce que le végétarisme, et surtout le véganisme,
sont des alternatives puissantes à la destruction des océans qui sont
dévorés vivants par huit milliards d’êtres humains et leurs animaux
domestiques.
La diversité dans nos océans s’appauvrit chaque
jour un peu plus, et quand la diversité s’effondre, c’est au tour de
l’interdépendance entre les espèces de s’effondrer, avec comme résultat
la mort de l’océan.
Et un océan mort signifie la mort de toutes
les créatures, quelle que soit leur taille, car si les océans meurent,
nous mourrons tous. L’océan est le cœur de la planète, et il est la base
de la vie, sur terre comme dans la mer.
Impitoyablement, nous
pratiquons dans l’océan une pêche excessive, et bien souvent en toute
illégalité. Toutes les activités de pêche commerciale dans le monde sont
virtuellement au bord de l’effondrement. Nous polluons l’océan avec du
plastique, des produits pétrochimiques, les ruissellements agricoles et
nos eaux usées. Nous lui infligeons de l’acidification, de la pollution
sonore, et nous détruisons les écosystèmes côtiers pour notre
développement.
La position de Sea Shepherd, c’est qu’il
faut fermer toutes les entreprises de pêche commerciale pour donner aux
poissons une chance de récupérer. La seule pêche relativement « durable
», c’est celle des artisans pêcheurs travaillant depuis de très petits
bateaux à partir des petits ports d’Inde, d’Afrique, etc.
Il faut supprimer les grandes sociétés, les grands chalutiers, les
senneurs, les palangriers, les grosses machines, les grands filets, les
lignes de grande longueur et les navires usines si nous voulons sauver
nos océans.
Mais qu’est-ce que cela a à voir avec le fait de manger
un hamburger, des œufs au bacon ou du poulet ? Ces créatures ne vivent
pas dans la mer.
Pourtant c’est bien de la mer qu’elles
tirent leur subsistance. Tout comme nous, ce sont des êtres terrestres
qui tous ensemble dévorent la mer vivante, et ils le font contre leur
volonté, pour le bénéfice de la créature la plus destructrice à s’être
jamais aventurée dans l’océan – l’homo sapiens.
Un tiers de
toute la vie marine capturée par l’industrie de la pêche est appelée «
poisson fourrage » et on l’extrait de la mer dans le seul but de nourrir
les porcs, les poulets, les visons, les renards, les saumons d’élevage,
et les chats domestiques. En fait, les poulets mangent plus de poisson
que les albatros, les porcs mangent plus de poisson que les requins, et
les chats domestiques mangent plus de poisson que tous les phoques de la
mer.
Il y a 1,5 milliard de vaches sur la planète, 1,2
milliard de moutons, plus d’un milliard de porcs, un demi-milliard de
chiens, et 2 milliards de chats de race ou de gouttière.
Dix pour
cent du poisson fourrage sert à nourrir les chats. Cinquante-cinq pour
cent sert à nourrir les porcs, le reste va aux poulets, aux visons, aux
renards, et aux saumons des fermes d’élevage.
Il y a 2
milliards de chats et un demi-milliard de chiens dans le monde, et moins
de cinquante millions de phoques dans la mer. Il y a 18,6 milliards de
poulets dans le monde, bien plus que tous les oiseaux de mer.
Lorsque vous mangez du poulet, vous mangez peut-être du poisson. Lorsque
vous mangez du bacon, vous mangez peut-être du poisson. Lorsque vous
buvez du lait ou que vous mangez des œufs, vous consommez peut-être de
la faune sauvage marine.
Les pêcheurs se plaignent que les
phoques mangent tout le poisson, Rien qu’aujourd’hui, il y avait 38
lions de mer dans le fleuve Columbia, et plus de 500 pêcheurs à la ligne
avec leurs cannes à pêche sur la berge, mais c’est sur les lions de mer
que le gouvernement tirait, parce qu’ils « mangent le poisson ».
Et en plus de tout cela, vous avez le fait que l’élevage animal produit
plus de gaz à effet de serre que l’industrie du transport. Si vous
prenez en compte qu’il faut 13000 litres d’eau pour produire un kilo de
viande de boeuf, ce gaspillage est tout simplement inacceptable.
C’est pour cela que Sea Shepherd a décidé, il y a des années de cela,
que promouvoir le véganisme c’était mettre en pratique les bons
principes éthiques de l’écologie.
Entre 2003 et 2006 j’étais
directeur national du Sierra Club aux USA. Toutes mes tentatives de
traiter l’impact environnemental de l’élevage animal ont été non
seulement rejetées, mais moquées. Le Sierra Club a refusé tout net
d’aborder le sujet de la croissance de la population humaine et de
l’augmentation de la consommation de produits issus de l’élevage
industriel comme facteurs significatifs du réchauffement climatique et
de la destruction des écosystèmes.
Pourquoi ?
Pour la même
raison que celle pour laquelle Greenpeace, Conservation International et
d’autres grandes organisations environnementales ignorent délibérément
la vérité très dérangeante qui est que manger des animaux produit plus
de gaz à effet de serre que toute l’industrie du transport. Même Al Gore
a commodément négligé de mentionner ce fait très important dans son
documentaire, « Une vérité qui dérange ».
Pourquoi n’en a-t-il
pas parlé, et pourquoi les grandes organisations refusent-elles de
simplement aborder le thème de la relation entre le fait de manger de la
viande et le réchauffement climatique ?
C’est parce qu’elles
ne veulent pas contrarier leurs donateurs. Leur grande crainte, c’est
que cela leur aliènera leur base de donateurs.
Et ils ont
probablement raison. Sea Shepherd a perdu le soutien de gens qui
mangeaient de la viande, parce que notre message les avait irrités. Mais
la différence entre Sea Shepherd et ces grandes organisations dans le
déni, c’est que nous, nous voulons sauver nos océans et notre planète,
même si ça dérange certaines personnes.
Le changement naît de
l’action, pas des paroles. J’ai démissionné du comité de direction du
Sierra Club parce que l’organisation environnementale la plus ancienne
du pays, dont le fondateur, John Muir, était végétarien et anti-chasse,
est maintenant pro-chasse et pro-élevage. Quand j’en suis parti, je les
ai surnommés « Siesta Club Hunting and Conversation Society ».
On ne sauvera pas la planète rien qu’en restant moins longtemps sous la
douche, en recyclant nos déchets ou en conduisant une voiture
électrique. Il faut un sacré nombre de douches courtes pour compenser
les 13000 litres d’eau qu’il faut pour produire un kilo de viande de
boeuf.
En réalité, un végan qui roule en gros 4x4 sur l’autoroute
contribue moins à la création de gaz à effet de serre qu’un mangeur de
viande qui se déplace à vélo.
L’industrie de la viande consomme
plus d’eau que toute autre industrie sur la planète. Elle occupe plus
de surface de sol. Elle produit plus de déchets. C’est elle qui produit
le plus de gaz à effet de serre, particulièrement du méthane.
Il y a
un nouveau documentaire qui vient de sortir, intitulé « Cowspiracy »,
qui enquête sur les contradictions au sein des grandes organisations
environnementales qui refusent de soulever et de prendre au sérieux la
question des relations entre l’industrie de la viande et les niveaux
croissants des gaz responsables du réchauffement climatique.
Les réalisateurs traitent d’un sujet interdit, et mettent en évidence
ce problème qui crève les yeux mais que les grandes organisations
écologistes refusent délibérément de voir. Dans le film, on voit que
Greenpeace n’accepte même pas de rencontrer les réalisateurs pour
discuter du projet. Les réalisateurs se sont rendus aux bureaux de
Greenpeace après que ceux-ci ont refusé de répondre à leurs e-mails,
mais tout ce qu’on leur a dit, c’est que Greenpeace n’était pas
intéressé par les discussions sur la relation entre la consommation de
viande et le réchauffement climatique.
D’un côté, Greenpeace
critique et réprouve ceux qui contestent le réchauffement climatique, et
cependant ils choisissent de rester dans le déni du facteur qui
contribue le plus au réchauffement climatique global.
Le client
de McDonald en train de manger son Big Mac en portant un t-shirt
Greenpeace est plus important pour les intérêts particuliers de
Greenpeace que la résolution d’un problème contre lequel ils font
campagne.
Les déjections porcines polluent de grandes étendues de
nappes phréatiques, mais aucune de ces grandes organisations
environnementales ne pointe du doigt le fait que manger du jambon soit
la source du problème.
J’ai été élevé dans un village de pêcheurs,
et nourri de homard, de poisson, de coquillages et d’algues. J’ai
constaté la diminution constante de la vie marine depuis mon enfance, et
ce que j’ai vu est effrayant. L’an dernier, j’ai consacré plusieurs
mois à l’étude de la Grande Barrière de Corail en Australie, qui est en
train de mourir. J’ai passé des mois à ramasser des déchets de plastique
sur les îles Tonga et Samoa. Mon souci, c’est que l’océan est
maintenant au bord du désastre.
Je prends au sérieux ce que
j’ai vu, tout comme je prends au sérieux les changements du temps et la
destruction des forêts pluviales. Alors quand je vois une des causes
majeures de cette destruction et du réchauffement climatique, je suis
d’avis qu’il faut s’en occuper, et pas l’ignorer ni la contester.
Mais être végan n’est pas une complète absolution pour ceux qui le
pratiquent. C’est une contribution majeure vers une solution, mais nous
ne pouvons pas ignorer le fait que la croissance des populations
humaines implique plus d’agriculture industrialisée, d’engrais, de
pesticides, de plastique et d’herbicides, qu’on utilise aussi bien pour
l’agriculture que pour l’élevage, qui désertifient nos océans. Nous ne
pouvons pas ignorer non plus les milliards d’oiseaux qui sont tués
chaque année par nos chats chéris. Et tous, chaque jour, nous nous
servons de sacs plastique à usage unique dont nous nous débarrassons de
façon irresponsable. Nous conduisons des voitures et voyageons en avion.
En fin de compte, dès que vous avez votre certificat de naissance, vous
êtes coupables de contribuer à la destruction de la planète. C’est un
fait, tout simplement, et c’est ça notre péché originel, d’être nés dans
un monde mené par la consommation.
Mais grâce à l’imagination,
à la discipline et à la science, nous pouvons réduire notre impact sur
la nature, et à mon avis le moyen le plus direct et le plus facile de le
faire, c’est de prendre la décision très simple de ne plus consommer
d’animaux élevés et abattus dans ces immenses abattoirs mondiaux par
quantités si énormes.
Un écologiste exemplaire se nourrit de produits locaux, bio, végans.
Est-ce que cela coûte plus cher ? Peut-être, mais ce que vous mettez
dans votre corps est l’investissement le plus important de votre vie. Ce
n’est pas le bon endroit pour y entasser des déchets toxiques. Les
crématoriums envoient déjà chaque jour des tonnes de vapeurs de mercure
et d’autres produits chimiques dans l’atmosphère.
Est-ce
difficile ? Oui, bien sûr. Changer vraiment, c’est toujours difficile,
mais à moins d’assumer ces choix difficiles, l’avenir deviendra
impossible, spécialement pour ceux qui naîtront plus tard.
Notre surconsommation d’aujourd’hui, nos abus, reviennent à voler les
ressources dont auront besoin nos enfants et leurs propres enfants, qui
hériteront d’une Terre pillée parce que leurs prédécesseurs ne se
rendaient absolument pas compte à quel point leur façon de vivre était
destructrice.
Paul Watson, Sea Shepherd à l'occasion de la sortie du documentaire "Cowspriration : le secret durable".
http://www.youtube.com/watch?v=yNSBF2YyMu4
http://www.seashepherd.fr
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire